Elodie, une infirmière française au Québec

Elodie, une infirmière française au Québec



Elodie, une infirmière française au Québec

Partie 1 – S’expatrier au Québec :

 

Si j’ai bien compris Elodie, toi et ton chéri vous avez quitté la Corse pour venir vivre au Québec, pourquoi ce choix ? Comment ça s’est passé ?

C’est lors d’un voyage au Québec avec notre promotion durant notre dernière année d’étude en soins infirmiers que l’idée de partir s’installer ici nous est venue. Il faut dire qu’après avoir toujours vécu en Corse, on avait envie d’autre chose. On s’est dit que si on ne le faisait pas à cet âge là, on ne le ferait sans doute plus jamais.

« On ne cherchait pas a fuir la France ou la Corse, mais on voulait vraiment vivre une aventure, vivre une expérience tant au niveau professionnel que personnel. L’envie d’enrichissement, voilà ce qui nous a décide. »

Comme le Québec vient recruter des infirmiers, entre autres, directement en France, on s’est dit qu’on tenterait notre chance après l’obtention de notre diplôme et c’est ce qu’on a fait en décembre 2012. Nous avons finalement pu poser nos valises à Québec le 20 février 2014.

infirmiere-quebec

En tant qu’infirmier, Comment ça se passe si on veut travailler au Québec ?

C’est assez simple en fait. Certains envoient des candidatures spontanées au hôpitaux mais le mieux est de passer par RSQ en fait (Recrutement Santé Québec). À l’époque où on a pris contact avec eux (je ne sais pas si ca a changé depuis), ils venaient 2 fois par année lors des Journées Québec : une fois en début d’année aux alentours de mai et une en fin d’année aux alentours de novembre/décembre. 

« L’idéal avant de prendre contact avec eux est d’avoir au moins un minimum de 6 mois d’expérience, de préférence en chirurgie ou medecine. »

Une fois que vous avec obtenu un rendez-vous, vous passez un entretien avec des questions de mises en situation (le diabète et la cardio étant des thèmes récurrents ainsi que l’organisation et la priorisation des actions), puis sur vous, vos qualités, vos points à améliorer, vos projets, le type de permis que vous comptez faire. Parce que oui, il existe plusieurs types de permis pour pouvoir travailler au Québec.

À l’issue de cet entretien vous signez ou non un contrat avec l’hôpital de votre choix, qui doit vous recontacter dans les semaines suivantes pour vous faire repasser un petit entretien via skype (du même genre que celui avec RSQ) qui abouti ou pas à une décision finale positive. C’est à partir de là seulement, que vous pouvez commencer à entreprendre les démarches pour obtenir un permis de travail (temporaire ou permanent en fonction de vos attentes).

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Y a-t-il des examens à repasser, des formalités à effectuer ?

Avant de pouvoir travailler comme infirmière au Québec, il faudra obligatoirement s’inscrire à l’Ordre infirmier qui régit la profession là bas et qui s’appelle L’Ordre des Infirmière et des Infirmiers de Québec (OIIQ). Sans ça, aucun droit d’exercer, c’est illégal. Mais grâce à une entente Québec-France, il n’y a pas d’examen à repasser pour y travailler comme infirmière. Notre diplôme (quelque soit l’année d’obtention) est reconnu. En revanche, un stage dit d’adaptation sera à faire, durant lequel vous serez bien sûr payés et évalué. Il s’agit d’une simple formalité, pour être sûr que vous vous adaptez bien à leur système et pour ne pas vous mettre en difficulté par la suite.

Est-ce que l’inscription à l’OIIQ est payante ?

L’inscription pour faire reconnaître son diplôme est payante, je n’ai plus le chiffre exact mais il s’agit de plusieurs centaines d’euros. Ensuite on repaye pour être autorisé à passer le stage d’adaptation (encore plusieurs centaines d’euros) puis une fois validé on paye pour l’inscription au Tableau de l’Ordre afin d’être autorisé à exercer comme infirmier (cette dernière inscription se renouvelle chaque année) plus de 200 euros.

Château Frontenac

Est-ce facile d’avoir un permis de travail ? Faut-il avoir certaines ressources ?

Actuellement obtenir un permis de travail temporaire (PTT) pour être infirmière reste relativement facile. Il suffit de trouver un hôpital qui souhaite embaucher et qui accepte de s’occuper de la paperasse et de payer pour le permis (une partie est payée par l’employeur, l’autre partie par l’employé). Cela dit, le PTT semble commencer à ne plus intéresser les hôpitaux car trop coûteux au final (ils s’engagent à rembourser les frais du PTT payés par l’employé une fois le stage d’adaptation validé).

Une autre possibilité est la demande de Résidence Permanente (RP). Là il ne s’agit pas d’un permis de travail, puisqu’il ne faut pas obligatoirement trouver un employeur avant de faire la demande, mais malheureusement cette option est plus coûteuse et plus longue à obtenir à l’heure actuelle.

Le PTT s’obtient en 3-4 mois dans le pire des cas, la RP elle, il faut compter en année, entre 2-3 ans d’après certains informations.



Faut-il des sous de côté pour faire son installation au Québec ?

Si vous vous installez avec une RP, on vous demandera de prouver que vous pouvez subvenir à vos besoins (et ceux des personnes rattachés à vous s’il y a lieu) pour une durée minimale de 3 mois. On vous demandera un certain montant à avoir sur votre compte.

Si vous venez avec un PTT, rien ne vous oblige de prouver que vous avez de l’argent de côté parce qu’ils estiment que comme vous venez avec un travail en poche, et donc que vous subviendrez à vos besoins. Mais je vous conseille d’avoir une belle petite somme avant d’arriver. L’installation coûte de l’argent, même si on choisit un appartement déjà meublé. On vous demandera d’acheter vos tenues de travail, des livres, du matériel. Faire les courses, se déplacer avec les transports en commun, ou payer un abonnement au mois, acheter quelques bricoles pour l’appartement, payer le premier loyer, payer un abonnement téléphonique, internet etc… Ca va vite chiffrer je vous assure. L’idéal est donc de partir avec quelques milliers d’euros de côté pour être sûr.

L'Hôtel de Glace quebec

Partie 2 – Le métier d’infirmier au Québec :

 

Quelles sont les spécificités d’un infirmier au Québec (par rapport à la France) ? même compétences ?

Dans le fond, le métier reste le même je trouve. On évalue, on coordonne, on met en œuvre des soins infirmiers, on éduque, on écoute, on soulage… Tout ça dans le respect des droits de la personne. En revanche certaines activités autorisées diffèrent. Parmi les exemples qui me viennent en tête : au Québec une infirmière n’a pas le droit de pratiquer de gaz du sang à moins de passer un certificat en plus. Et au Québec, alors qu’en France c’est strictement proscrit, on relève et on retranscrit les ordonnances médicales. De même qu’on est autorisé, même en dehors d’une urgence vitale, de prendre des prescriptions orales ou téléphoniques.

Les infirmières apprennent également à ausculter. Autre changement, pour les transfusions sanguines il n’y a pas de test ultime de compatibilité, on fait entièrement confiance à la banque de sang (mais on vérifie la concordance).

L’organisation du travail d’équipe est-il pareil ? la relation avec les médecins ?

L’organisation du travail d’équipe est différente pour une raison simple, il existe une profession intermédiaire qui n’existe pas chez nous, l’infirmière auxiliaire. Elle se situe entre le préposé (l’équivalent de notre aide-soignant) et l’infirmière (là aussi d’autres appellations existent avec des activités légèrement différentes d’une catégorie à l’autre et un niveau d’étude différent aussi).

Dans mon service, et dans beaucoup d’autres, les infirmiers travaillent en dyade : soit infirmière-infirmière soit infirmière-infirmière auxiliaire. L’infirmière peut faire tout ce que fait l’auxiliaire mais l’inverse n’est pas vrai. L’auxiliaire n’a pas le droit de faire d’évaluation, ni d’injecter de thérapeutiques en intraveineuse (mais sous-cutané oui), elle peut par contre faire des pansements et irriguer les sondes nasogastriques (entre autres).
Quand on commence notre quart de travail on fait notre plan de soins avec notre « équipière » et on prend nos rapports (sortes de transmissions inter-équipes qui sont écrites et non orales comme en France).

« Il faut savoir qu’à 2 nous avons maximum 13 patients quand on est infirmière-infirmière et 11 lorsqu’on est infirmière-auxiliaire. »

Notre quart de travail s’organise en fonction. Il y a 32 patients dans mon service et 3 dyades. On a aussi une infirmière assistante chef qui s’occupe de gérer la répartitions des équipes, d’accepter ou non les admissions, de les répartir dans les chambres et bien d’autres tâches.

« Les médecins de mon département sont très présents et disponibles, il suffit de les « bipper » (oui comme dans les séries type Urgences) pour qu’ils nous rappellent. »

En général ils restent pas mal sur l’étage jusqu’à 18/19h, parfois mêmes plus. Ils sont également toujours accompagné d’un ou deux résidents, disponibles également. Je trouve que le rapport infirmière/médecin est vraiment bon, le médecin considérant très souvent les informations qu’on lui apporte.

A lire aussi : Le parcours d’Aude, infirmière auxiliaire au Québec

Si j’ai bien compris, il n’y a pas d’AS au Québec ? Il y a des infirmières auxiliaires à la place ?

Si si, il y a bien des AS au Québec, ce sont des Préposés aux Bénéficiaires (ou PAB). Ils ont exactement le même rôle, apporter les soins de conforts et bien être aux patients, ils servent et ramassent les repas, installent, réinstallent les patients … L’infirmière auxiliaire est vraiment un métier qui n’a pas d’équivalent en France.

Quel est ton salaire d’infirmière au Québec ?

Si je ramène mon salaire en dollars canadiens en euros avec le taux de change actuel, je gagne sensiblement la même chose (selon les mois) mais avec une meilleure qualité de vie. Plusieurs échelons existent et changent en fonction du niveau d’étude (parce que comme je le disais plus haut, il existe plusieurs types d’infirmières fonction du niveau d’étude).

« Actuellement je suis payée 27,80$ de l’heure (brut), ce qui par mois représente environ 2400$ (net). »

L’avantage ici c’est que les impôts sont prélevés directement à la source, mais il faut compter presque 40% de différence entre le salaire brut et le salaire net. Autre avantage, c’est qu’on est payé toutes les 2 semaines.
Mais attention je tiens à préciser que je suis à temps partiel, c’est à dire que je travaille 30h/semaine soit 8jours/14 et que je bénéficie de certains avantages au niveau du salaire et certains inconvénients par rapport à un temps complet.

Quand tu parles de ton salaire net de 2400$, c’est pour ton temps partiel à 30h ?

Oui c’est bien ça. Il faut savoir que financièrement parlant, un temps partiel est mieux payé qu’un temps complet équivalent (c’est à dire même ancienneté et même échelon). Ca s’explique par le fait qu’en tant que temps partiel nous n’avons pas droit aux jours de maladies (une dizaine environ), c’est à dire qu’en dessous de 3 jours de maladie consécutifs vous n’êtes tout simplement pas payé (mais on ne vous demandera pas non plus de fournir un certificat médical). On considère qu’ils nous sont payés directement tous les mois. Les temps complets eux, en cas de maladie courte peuvent piocher dans leur «banque » de jours de maladies. De même, les jours fériés nous sont payés alors que pour les temps complets, ils peuvent les prendre comme jour de congé. Ce qui explique le salaire plus élevé alors qu’on travaille 2 jours de moins. Autre avantage du temps partiel, si on veut travailler 2 jours de plus (les 2 jours qui manquent par rapport au temps complet) c’est possible et donc le salaire augmente également.

L’inconvénient du temps partiel c’est qu’au niveau de l’ancienneté et des échelons ca augmente moins vite parce qu’on travaille moins de jours, idem pour la retraite.

« Mais quand on est jeunes, le temps partiel est vraiment l’idéal. »

Parc national de la Mauricie

Elodie, une infirmière française au Québec

Parc National Mauricie

Partie 3 – La vie au Québec :

Comment est le climat ? la faune et la flore ?

On est arrivé à Québec en plein hiver (en février) donc dès notre arrivée on a été mis au parfum quant à la dureté du froid. En effet, on a pu découvrir les -30°/-35°C mais heureusement ce genre de température reste ponctuel. Par contre l’hiver est long…

« Il commence à faire froid (avec neige) dès mi-octobre puis ça peut durer comme l’hiver dernier, jusqu’à avril… »

Et même si psychologiquement on s’y est préparé, même si on sait que le Québec n’est pas réputé pour ses températures élevées en hiver, ça reste une épreuve difficile. Pas tant pour le froid en lui même, mais pour la durée totale de l’hiver. Près de 6 mois de froid, c’est une grosse épreuve croyez-moi. L’été que j’ai connu en 2014 n’a pas été super. Il a été très court et pas si chaud que ça. On verra le prochain, qu’il me tarde de voir !

Le Québec possède d’immenses et magnifiques parcs. Qui valent le coup d’être visités. Mais il faut avoir une voiture à disposition car la plupart se trouve en dehors de Québec difficile d’accès en transport en commun. Les paysages sont vraiment superbes, à couper le souffle.

Montréal

Elodie, une infirmière française au Québec
Chutes de la Chaudière

Quelles sont les spécialités culinaires à découvrir absolument ?

LA spécialité ici c’est la poutine ! La traditionnel se compose de frites, de cheddar en grain, le tout recouvert d’une sauce brune. Ensuite, chaque restaurant, chaque chaîne de fast-food agrémente ses poutines comme il veut (en rajoutant de la viande, des saucisses etc …). C’est vraiment le met à goûter.
Ensuite il y a aussi la tourtière, le pâté chinois, les fèves au lard, le pain de viande par exemple. Du côté des desserts, on retrouve parmi d’autres le pudding chômeur, les queues de castor, la tarte au sucre.

Quel est le coût de la vie (logement, nourriture, sorties…) ?

Le coût de la vie me semble moins cher qu’en Corse. A salaire équivalent, nous vivons quand même bien plus à l’aise ici que là bas. Les logements sont moins chers, les sorties en général aussi, les restaurants également (sauf peut être pour manger une pizza qui est un produit de luxe ici je trouve. La faute au prix exorbitant du fromage en Amérique …). Par contre j’ai l’impression de payer l’épicerie très cher, mais je pense que c’est lié au fait que le poids et la taille des produits est aussi plus grand qu’en France. Les fruits et les légumes sont chers à mon goût. Tout comme les abonnements téléphoniques, internet et le câble. On ne paye pas l’eau ici, il n’y a pas de compteur. Si vous voulez acheter une voiture il faudra penser à tout : le permis qu’on repaye tous les ans, les plaques d’immatriculation que l’on paye aussi à l’année, mais le prix de l’essence est bien plus bas qu’en France.



« En resume, il y a des choses moins cheres et des choses plus cheres qu’en France, mais globalement, avec deux salaires de jeunes infirmiers on vit de façon tres convenable. »

Merci à Elodie d’avoir partagé son expérience avec nous, elle donnera surement à d’autres l’envie de travailler en tant qu’infirmière de l’autre côté de l’atlantique.

Si vous souhaitez suivre son aventure au Québec et en découvrir plus sur la vie là bas, n’hésitez pas à jeter un oeil à leur Blog 2 corses au Québec ou bien rejoignez les sur leur compte Facebook. Et si vous avez encore des questions, vous pouvez laisser un commentaire.

Crédit Photos : Elodie, 2corsesauquebec.com

A lire aussi : L’extraordinaire voyage d’une infirmière aux îles Kerguelen

8 réflexions au sujet de “Elodie, une infirmière française au Québec”

  1. Bonjour,
    Je compte venir a Montréal avec un visa PVT, je suis diplômée aide soignante en France, j’aimerais savoir si mon diplôme français me permet de travailler a Montréal sans équivalence ou faut-il une équivalence ? et vers quel organisme dois-je me diriger pour une obtenir mon équivalence d’aide soignante (Préposé aux bénéficiaires).
    Dans l’attente de votre réponse, je vous remercie.
    Eve

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  2. Bjr, je suis ivoirien 28 ans, residant en cote d’ivoire et je viens d’obtenir mon diplmome d’etat en sciences infirmieres et obstetricales. Je suis parailleurs titulaire d’une licence en lettres. Je souhaiterais travailler au canada. Quelle sont mes chances d’y parvenir et quelle est la procedure a suivre?
    Merci de me repondre. sergelandrygogoua28@gmail.com

    Répondre
  3. Bjr, je suis ivoirien 28 ans residant en cote d’ivoire. Je viens d’obtenir le diplome d’etat en sciences infirmieres et obstetricales. Je suis parailleurs titulaire d’une licence en lettres. Je souhaiterais travailler au canada. Quelles sont mes chances et quelle est la procedure a suivre?
    Merci de me repondre
    sergelandrygogoua28@gmail.com

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  4. Bonjour ,
    Je suis IDE depuis 20 ans et travaille en psychiatrie depuis 15 ans , je suis titulaire d’un DU addictologie ( et divers autres formations) et exerce actuellement la fonction d’infirmiere coordinatrice d’un hôpital de jour. J’ai 42 ans ,3 enfants (18,14et 10ans 1/2 ) mon conjoint est infirmier liberal DE depuis 21 ans ….Nous serions tentés par cette aventure. ..Cela vous semble-t-il réalisable ?
    Bien cordialement.
    Barbara .

    Répondre
  5. bonjour je suis actuellement étudiante infirmiere en France en 1iere année et j’envisage de déménager a Montréal pour y vivre au long terme et exercé la bas. je me demandé si il étais possible de partir au canada avec seulement ma première année (donc avec un diplôme d’aide soignante français ) et de finir par la suite au canada mes études après avoir exercer quelques année en tant qu’aide soignant a Montréal. Car en France cela est possible mais les études sont différentes la bas donc cela m’interroge

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