Aurélie, une infirmière entre voyages et soins en Asie – Partie 2

Aurélie, une infirmière entre voyages et soins en Asie – Partie 2

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Après plusieurs années à parcourir l’Asie, Aurélie, infirmière, s’apprête aujourd’hui à parcourir l’Amérique du Sud pendant dix mois. Animée par des valeurs de respect de l’humanité et de la nature, elle souhaite désormais se lancer sur les routes de pays qu’elle ne connaît pas : l’Equateur et la Bolivie, en passant par le Pérou. Durant son périple, elle intervient notamment dans une association bolivienne qui vient en aide aux enfants travailleurs du sucre. 

Nous avons fait la connaissance d’Aurélie au travers de sa page Facebook. Nous avons ensuite découvert son premier blog qui relate ses aventures asiatiques.  Voici donc la suite de l’interview d’Aurélie, une infirmière entre voyages et soins (lire la partie 1).

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Qu’est-ce que tu retires de ces voyages ?

J’ai appris beaucoup, sur moi-même mais aussi sur ma relation aux autres et au monde. Je me suis découverte plus sociable que je ne l’imaginais, plus courageuse. J’ai appris à me faire confiance, à croire (et suivre !!) mon intuition. J’ai compris que nous étions tous les acteurs de nos vies, que nous devions être à l’origine des changements que nous souhaitions pour nous-mêmes et pour le monde, que nous étions responsables de notre part de lumière, comme de notre part d’ombre et qu’il ne tenait qu’à nous d’évoluer dans le sens que nous souhaitions, d’insuffler la vérité dans nos actes, nos paroles et nos pensées.

J’ai appris à davantage me respecter, à être attentive à vivre au plus juste de ce que je suis et veux devenir, à écouter mon corps et décoder ses messages. J’ai pris conscience que je n’étais pas si fragile que cela, et même plutôt résistante au regard d’autres personnes qui tombent régulièrement malade en voyage. J’ai pu prendre conscience de mes conditionnements, de mes peurs et de mes croyances pour peu à peu m’en détacher s’ils ne correspondent plus à ce que je suis ou bien s’ils sont un frein à mon évolution.

J’étais déjà très sensible aux questions d’écologie mais être sur les routes durant tous ces mois a encore renforcé mes convictions. J’ai constaté avec tristesse la course effrénée à la consommation qui se joue dans les pays en développement. Une fuite en avant semblant incontrôlable… Mais je sais que c’est souvent par l’expérience que l’on forge ses opinions ; aussi faudra-t-il peut-être attendre qu’ils tombent dans les mêmes pièges, les mêmes écueils pour qu’une prise de conscience s’impose et permette l’avènement d’un autre monde, basé sur d’autres valeurs et provoquant la poursuite ou l’accès à une vie décente pour tous.

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Heureusement, j’ai également pu constater que nombre d’entre nous cherchent (et trouvent !) des solutions alternatives pour mieux vivre ensemble, pour plus d’harmonie entre l’Homme et la terre. J’avais une vision plutôt pessimiste de l’avenir, et toutes ces rencontres m’ont permis de voir que beaucoup tendent vers le même but, à différents niveaux. Cela m’a donc rendue plus optimiste et ouvert les yeux sur toutes les belles initiatives d’ici et d’ailleurs. Des gouttes d’eau ?? « Sois le changement que tu souhaites pour le monde » ! Cette phrase de Gandhi me porte chaque jour…

Qu’est ce qui t’a le plus marquée à l’étranger ?

C’est probablement le lien qu’entretiennent les hommes aux dieux. Je suis fascinée par cette spiritualité qui s’exprime au quotidien, dans tous les actes de la vie. La notion de Karma m’intrigue également beaucoup : l’idée que l’on vit aujourd’hui en fonction de ce que l’on a fait ou pas lors de sa vie précédente. Je pense que cette croyance explique en partie pourquoi les gens semblent se satisfaire de leur condition, la plus modeste soit-elle. Ils pensent qu’ils doivent en tirer des leçons, des enseignements, que s’ils se comportent bien ils se réincarneront au sein d’une meilleure classe sociale.

La place de la femme m’a également beaucoup touchée, notamment en Inde. Je me suis interrogée sur cette absence totale de considération, dans un pays qui sait aussi vénérer les femmes en déesses, ce qui est assez rare. Je crois que l’explication tient beaucoup aux textes sacrés de l’hindouisme. J’ai eu beaucoup de mal à rencontrer les femmes, je les ai peu vu sourire, discuter… J’ai particulièrement pris conscience de ça lors de mon arrivée en Asie du sud-est, quand j’ai vu des femmes vivre, se retrouver, être curieuses…

A la Khumba Mela 2010 (Haridwar, Inde)

Main Bazar de Delhi (Inde)

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Quels sont les regards en France que tu ressens par rapport à ta « philosophie de vie » ?

La plupart des gens me disent chanceuse ! Comme si on ne maîtrisait pas son destin, que les choses s’imposaient à nous. Je crois au contraire que l’on devient ce que l’on veut devenir, que l’on fait ce que l’on se donne les moyens de réaliser. Tout est question de priorité, de choix de vie. J’ai un téléphone portable datant de l’après-guerre, mes fringues datent du lycée, rien ne m’appartient ou presque dans mon appart, je ne vais jamais chez le coiffeur… (par contre, je ne fais pas l’impasse sur une alimentation saine et équilibrée, pour mon bien-être et celui de la planète !). D’autres me trouvent inconsciente ! Beaucoup considèrent que quitter un CDI est un risque, que ne pas investir dans la pierre est un risque, que voyager seule est un risque… Mais la vie n’est-elle pas une succession de risques mesurés et réfléchis ? Heureusement, je reçois la plupart du temps des regards bienveillants et je me constitue petit à petit un cercle d’amis qui partagent des opinions semblables et avec qui j’apprends beaucoup.

 Quels sont tes plus beaux souvenirs de voyages ?

C’est probablement la question la plus difficile de l’interview ! Les rencontres me marquent généralement davantage que les sites car l’émotion reste vivace bien plus longtemps dans mon esprit. Mon voyage d’un mois en Birmanie m’a aussi beaucoup marquée. Durant mon périple mouvementé en pleine saison des pluies, j’ai découvert un peuple incroyablement souriant et accueillant malgré la dictature sanglante, une authenticité rare en Asie du sud-est et des paysages d’une grande beauté. L’évolution vers la démocratie qui s’est amorcée il y a quelques mois change déjà beaucoup le pays et les habitudes !

Je garde également en mémoire deux expériences singulières que j’ai eu l’occasion de vivre en Inde :

  • venue pour rencontrer une amie quelques jours à Auroville, j’y suis restée deux mois et ai vécu des moments d’une grande intensité. Rencontres bouleversantes avec des citoyens du monde passionnés et passionnants, découverte du yoga et de la méditation, apprentissage du voyage en immersion à un rythme lent ;
  • à la fin de mon séjour à Auroville, je suis allée dans un centre de bouddhisme zen et y ai réalisé une retraite silencieuse de quelques jours. L’occasion d’expérimenter cette pratique assez courante en Inde tout en en apprenant plus sur ce courant et sur moi-même !

Aurélie, une infirmière entre voyages et soins en Asie - Partie 2

Aurélie, une infirmière entre voyages et soins en Asie - Partie 2

Quel est ton regard sur ton métier d’infirmière en France ?

J’aime ce métier essentiellement pour son aspect humain. Je le trouve très diversifié, il existe tant de possibilités différentes d’exercice! Je prône d’ailleurs le rétablissement de la spécificité psychiatrique, car je trouve qu’il s’agit d’un métier qui mérite une formation supplémentaire ou du moins plus spécifique. Je regrette le manque de reconnaissance salariale dont nous bénéficions. Sans parler du niveau bac +3 que nous avons mis des dizaines d’années à obtenir !! L’histoire de notre métier, exercé de manière bénévole comme un sacerdoce par des religieuses, nous poursuit on dirait… !

Je regrette que l’humain ne soit plus au cœur du système, que les restrictions budgétaires et les changements de politique (ne plus forcément être infirmière pour accéder au statut de chef de pôle) nuisent au soin et à la relation soignant-soigné. C’est pourquoi je ne souhaite plus travailler à l’hôpital ou en clinique, mais cherche des postes atypiques, où l’on a le temps de prendre soin, le temps de faire notre métier en somme.

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Et justement, quels sont tes projets ?

Je repars en septembre prochain pour 10 mois en Amérique du Sud. J’atterris en Equateur le 3 septembre. Je rejoindrai la Bolivie via le Pérou en 3 mois, puis je resterai à Sucre durant 6 mois. Je vais m’investir au sein du Centre Educatif « Nanta », prenant en charge les enfants et adolescents travailleurs. Je serai chargée des soins courants, d’ accompagner les enfants auprès des professionnels de santé (dentiste, gynécologue) et de mettre en place des actions en faveur de l’hygiène et de la santé. Je mettrai en place des actions de prévention dans le domaine de l’éducation affective et sexuelle, en partenariat avec une association locale (le CIES) car les relations sont souvent précoces, entraînant des grossesses dès le début de l’adolescence. Enfin, j’irai, avec l’assistante sociale, directement au contact des enfants et de leurs familles qui ne viennent pas spontanément au centre, afin de les sensibiliser et de les informer sur les actions menées par l’équipe. Je reprendrai ensuite mon avion à Buenos Aires, via le Paraguay probablement.

D’autre part, en fil rouge de mon projet, j’ai conclu un partenariat avec l’association L’Enfant @ l’hôpital, consistant à écrire des reportages hebdomadaires pour une ou deux classes d’enfants de primaires ou de collèges via leur plateforme « Kolibri ». A travers ces écrits, les enfants pourront travailler chaque vendredi après-midi avec leur professeur, de manière plus ludique et concrète, tout en étant sensibilisés aux problèmes du travail des enfants et de l’accès aux soins dans les pays en voie de développement. Je devrais pouvoir les rencontrer courant juin, afin de préparer le projet pour l’année scolaire suivante.

Nous remercions Aurélie pour son témoignage et au message envoyé à toutes les personnes qui souhaitent voyager seuls. Nous lui souhaitons une bonne route et nous suivrons avec intérêt tes prochains articles en Amérique du Sud !

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1 réflexion au sujet de « Aurélie, une infirmière entre voyages et soins en Asie – Partie 2 »

  1. Bonjour puis je avoir les coordonnées d’Aurélie ? Étant infirmière je recherche des témoignages de personnes qui puissent me guider sur la route future vers un voyage hors Union européenne et défendre des valeurs

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